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Traité transatlantique du libre échange : discrétion des négociations et déclarations tonitruantes.

Tanguy Brochier

Lancé en 2013 par la présidence américaine et les dirigeants de l’Union européenne avec le soutien des Etats-membres, le TAFTA (ou TTIP) entre dans sa phase finale avec le 13ème round des négociations entamées il y a plus de trois ans.  Négociations jusqu’à aujourd’hui très discrètes jusqu’à ce que les médias en révèlent aujourd’hui la teneur, et que d’un silence jugé souvent pesant, l’on en vienne à des déclarations tonitruantes. Pour faire peser la balance des concessions d’un côté ou l’autre de l’Atlantique ou pour définitivement noyer le projet dans le même océan ? Décryptage...

Le projet de grande zone de libre-échange entre l'Europe et les Etats-Unis a pour objectif, rappelle le député-maire Sylvain Berrios dans le Huffington Post, « d’obtenir un accord favorisant les échanges commerciaux et les investissements de part et d'autre de l'Atlantique, entre deux puissances économiques qui portent un potentiel de progrès, de croissance et de prospérité considérables ».

Il est vrai que sur le papier cela paraît prometteur. Enfin régler les affrontements économiques et insuffler une nouvelle dynamique de croissance par un accord respectueux des valeurs culturelles de chacun et des engagements environnementaux issus de la COP21, un vœu pieux que semblait partager toutes les parties prenantes.

Si nous pouvons admettre que ces négociations soient restées discrètes, comme souvent on peut l’observer quand les enjeux sont aussi sensibles, on peut s’étonner aujourd’hui que les médias en dévoilent les dessous. En effet, Greenpeace vient de mettre à disposition du grand public des documents confidentiels très récents.

Leur intérêt principal est qu’y figurent non seulement la position des Européens mais aussi celle des Américains qui, jusqu’à présent, étaient restées totalement confidentielles.

« Cette série de documents confirme à quel point la discussion est déséquilibrée et peu avancée. » écrivent Maxime Vaudano et Cécile Ducourtieux dans le Monde (cliquez ici)

Si aujourd’hui tous les médias s’emparent du sujet (hier encore peu relayé), les politiques font aussi de même et leurs déclarations semblent s’inviter aussi à la fameuse table, comme si leurs mandataires ne s’y jamais été assis et que nos élus semblaient en ignorer le contenu. Ainsi François Hollande se prononce-t-il pour un « non en l’état », menaçant de noyer le futur projet dans l’utopie et le protectionnisme ambiant.

En matière de techniques de négociation, se posent les questions suivantes.

-       Une publication au moment opportun pèse-t-elle sur l’ambiance feutrée de la table des négociations ? La stratégie est connue : faire pression à l’intérieur de l’extérieur.

-       Des déclarations tonitruantes répondent-t-elles au même objectif que précédemment ? La stratégie est tout aussi visible : menacer mais à ses risques et périls.

-       Le contexte électoral avec la présidentielle française (et américaine) dans moins d’un an, influe-t-il sur les prises de positions des politiques ? Chacun sa vision de l’intérêt général et donc sa réponse !

Alors le TAFTA (ou futur TTIP), trois ans de négociation pour rien ou une issue favorable à tous ? Les voies des négociations semblent impénétrables, surtout quand tant de voix se font entendre, médiatiquement et électoralement parlant.

A suivre.

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