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On ne « chôme » pas autour de la table des négociations.

Pascal Fournier

Depuis hier lundi, les partenaires sociaux se sont lancés dans une négociation à hauts risques, comme l’ensemble de la presse s’en fait l’écho. Si nous ne reviendrons pas en détails sur les enjeux abondamment relayés dans les médias, quelques titres sont cependant révélateurs du climat difficile de ces négociations.

« Ouverture de négociations difficiles » (Boursorama), « Négociation sous pression » (Le Figaro) et « sous tension » (Ouest France), « La négociation s’annonce tendue » (Europe 1), « Négociation de la dernière chance » (Le Point), « Patronat et syndicats sont-ils prêts à négocier ? » (TF1)… en bref à plus d’un titre, les observateurs expriment un certain pessimisme, tout en soulignant la nécessité de réformer l’assurance-chômage au bord de l’implosion.

Comme le rappelle Ouest France (cliquez ici) : « Selon l'Insee, le chômage représentera encore en France métropolitaine 10% de la population active à la mi-2016, malgré une accélération des créations d'emplois marchands.

Dans ces conditions, l'Unedic prévoit un déficit de 3,6 milliards d'euros en 2016, après 4,4 milliards en 2015. Cet organisme géré par les partenaires sociaux verrait ainsi son endettement bondir à plus de 29 milliards d'euros fin 2016 et, si rien n'est fait, à 35 milliards en 2018. »

Dans un tel contexte, avec en plus le projet contesté d’évolution du Code du travail, l’urgence de réformer est une lapalissade. Et comme il est d’usage, les acteurs campent sur leurs positions utilisant les médias pour asseoir leur vision des choses avant de s’asseoir autour de la table des négociations.

En cas d’impasse et de blocage, il reviendra au gouvernement de trancher, « bien qu’il se défende d’intervenir dans les négociations » souligne Ouest France, « l’exécutif ayant transmis fin 2015 un rapport alarmant au parlement sur la situation de l’assurance-chômage dans lequel, il évalue l’impact de diverses mesures comme la réduction de la durée maximale d’indemnisation ». Le gouvernement met donc la pression pour que les partenaires sociaux trouvent un accord.

• Quelques phrases clés à retenir (reprises par Ouest France) :

« En France, la durée d'indemnisation est la plus longue d'Europe mais la durée de formation des chômeurs est la plus courte. C'est ce qu'il faut changer », François Hollande.

« Le gouvernement invite chacun (...) à tout faire pour réduire le déficit de l'Unedic et pour permettre le retour à l'emploi », Manuel Valls.

« Si cette négociation n'aboutissait pas, le gouvernement (...) prendrait pleinement ses responsabilités », Manuel Valls.

« Je ne négocie pas sous contrainte. Laissons les partenaires sociaux tranquilles », Alexandre Saubot, négociateur du Medef.

 « La clef d'entrée dans la négociation ne peut pas être la réduction du déficit »de l'Unedic. Véronique Descacq, CFDT.

 « Pas question de recommencer à faire des réformes dites paramétriques. La vie ne peut pas continuer comme avant », Yvan Gattaz, Medef.

 « Les positions vont se radicaliser », (évoquant le contexte de réforme de Code du travail) Franck Mikula, CFE-CGC.

Et entendu hier soir au JT de 20h de TF1 concernant la proposition de remonter le curseur de l’indemnisation des seniors à 55 ans qui ont droit à 3 ans d’allocations (économie de 450 millions d’euros)… si pour la CFDT, « ce n’est pas un sujet tabou », c’est « du non négociable » pour la CGT.

Non négociable ? Cela traduit que d’autres points le seraient… La négociation semble donc bien ouverte. Les partenaires ont donc 4 mois pour se mettre d’accord…

                                                                                                    

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