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Téléspectateurs « déchainés » et Négos à la « chaine ».

Tanguy Brochier
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© Pixabay

En rétablissant la diffusion de TF1 sur son offre TNT Sat interrompue depuis une semaine, Canal + obéit ainsi aux injonctions de Françoise Nyssen. En effet, la ministre de la culture vient de se féliciter « de cette décision responsable ». Quel bilan tiré de ce bras de fer inédit en matière de négociation ? Le jusqu’au-boutisme serait-il finalement que posture ou imposture ? Au jeu du qui perd perd, qui enfin gagne ?  

Près de 5 millions d’abonnés à Canal Sat privés de TF1 et consorts, de leurs émissions préférées, de quoi rester sans « Voice » ! En effet, les réactions en « chaines » ne se sont pas fait attendre : téléspectateurs déchainés (dans tous les sens du terme) sur les réseaux sociaux, services clients assiégés, stupéfaction de la presse, contagion auprès des autres diffuseurs… au total, 18 millions de téléspectateurs auraient pu être privés de ces programmes, rappelle Le Monde.

Comment concilier deux objectifs contraires ? Pour TF1 : faire rémunérer la diffusion de ses chaines gratuites (20 M€ sont évoqués par opérateur), pour Canal + : ne rien payer du tout, puisque c’est gratuit. Impossible donc de trouver un terrain d’entente, des tensions plus que palpables et des menaces finalement menées à exécution avec une coupure brutale. Vint alors la guerre des communiqués et enfin la médiation, ou plutôt le rappel à l’ordre de l’Etat.

Faut-il ici parler de négociation, alors que les objectifs sont totalement divergents ? Cela pourrait cependant ressembler à une étape préparatoire : mettre le plus de pression possible pour être en position de force avant de s’asseoir à la table des négociations. Un jeu dangereux qui peut se retourner contre son instigateur : chute d’audience donc de rentrées publicitaires pour l’un peut aussi provoquer une érosion des abonnés pour l’autre. Ou comment scier la branche déjà usée sur laquelle on est assis.

Question image, aussi personne n’est gagnant… Son absence d’abord (!), et une fois la stupeur passée, l’exaspération non seulement des clients mais aussi des pouvoirs publics obligés d’intervenir… seule médiation possible. Quid de l’Etat providence… interventionniste ? La télévision, en dehors du service public, relève depuis longtemps du privé, mais le privé ne semble pas s’en relever. Serait-il aussi considéré comme un service public ?

Si la pression retombe aujourd’hui sur TF1, nous n’attendons pas nécessairement avec impatience la saison 2 de ces rocambolesques tractations qui prennent unilatéralement en otage ceux-là même qui contribuent au culte du Dieu Audimat. Certes, ses adeptes profitent aussi en retour de ses largesses avec la production cinématographique dont les chaines sont devenues incontournables.

Incontestablement, cette affaire laissera des traces. Comme quand l’on éteint un téléviseur et qu’il subsiste un vague halo lumineux. Cela s’appelle la rémanence… Gardons nos antennes branchées !

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