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« Back channels » : négocier quand cela parait impossible

Xavier Debril
Idan Canfi
© Idan Canfi

Face à la tragédie des massacres et des prises d’otages commis en Israël, puis leurs dramatiques conséquences dans la bande de Gaza, difficile d’avoir le recul dépassionné de l’historien. Et pourtant déjà, certains médias se font l’écho des « back channels » : ces canaux qui en secret permettent de bâtir une forme de dialogue entre des forces que tout oppose.

 

Évoquer à chaud cette actualité en la mettant en perspective avec de possibles négociations relève de la gageure, tant la douleur et la sidération sont profondes, tant la vengeance et la justice peuvent se confondre, tant les positions et les postures se durcissent y compris par la violence.  Dans un tel contexte, la négociation semble plus qu’illusoire. Et pourtant, grâce aux « back channels », peut-être une petite lueur… D’espoir, beaucoup trop tôt pour le dire, mais elle a déjà fait ses preuves dans l’Histoire.

 

Qu’est-ce qu’un « back channel » ? Ce terme couramment utilisé en diplomatie et en négociation, désigne un canal de communication non officiel ou secret entre deux parties en conflit ou en négociation. Il s'agit d'un moyen de communication discret et confidentiel qui permet d’échanger en dehors des canaux officiels afin de faciliter des pourparlers informels, des négociations confidentielles ou des pourparlers préliminaires.

 

Comme le souligne L’Économiste : « Les back channels ne sont pas une notion nouvelle, elles ont été utilisées dans de nombreux conflits à travers le monde, notamment le processus de paix israélo-palestinien de 1994 à 1996 et la crise des otages iraniens en 1979-1980... ». Les États-Unis et la Corée du Nord, par exemple, ont souvent recours à la diplomatie des canaux détournés lorsqu'ils veulent échanger des messages » rappelle Cairn Info, tout en évoquant « ces contacts de coulisse qui assurent une couverture politique aux leaders qui veulent explorer la possibilité d’un règlement négocié ». Entre autres, parmi ces leaders historiques ayant bougé « bien en avance de leurs constituants et alliés » : Nelson Mandela, ANC (1994), Gerry Adams, IRA (2002), Anwar El-Sadat, Égypte (1989), Yitzhak Rabin, Israël (1999). 

 

« De même, deux organisations à but non lucratif basées à Genève, le HD Centre et le GCSP, financées par la Confédération Helvétique, travaillent en toute discrétion depuis des mois pour jeter les bases de nouvelles négociations entre la Russie et l'Ukraine » (source : swissinfo).

 

Concernant les « back channels » susceptibles d’être constitués entre Israël et le Hamas, les JT télévisés citent des médiateurs internationaux tels que l'Égypte, la Turquie et le Qatar.  Ils pourraient offrir un espace pour des pourparlers discrets, permettant aux deux parties de discuter sans avoir à reconnaître officiellement leur interlocuteur.

 

Si ces canaux officieux ont, par le passé, permis en secret de parvenir à plusieurs accords de cessez-le-feu temporaires, atténuant temporairement des conflits dans la bande de Gaza, ils ne sont pas cependant sans défis : une confiance en un accord plus que difficile à établir et demeurant fragile (un euphémisme), une situation sur le terrain pouvant, comme actuellement, remettre en question toute avancée.

 

S’ils peuvent jouer un rôle déterminant dans la gestion du conflit, les « back channels » ne sauraient remplacer une solution politique durable fondée sur des négociations plus franches et un engagement politique plus solide de toutes les parties impliquées. Ils peuvent en être le premier pas.

 

On a envie d’y croire un peu, beaucoup et non passionnellement.

 

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