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Henry Kissinger : Négociateur avec un grand N

Xavier Debril
HK

Henry Kissinger vient donc de quitter la grande table de négociation du 20e siècle. Durant près d’un siècle, il en fut l’un des plus emblématiques protagonistes et demeure l’une des personnalités les plus influentes de la diplomatie américaine. Quand l’Histoire avec un grand H et la Négociation avec un grand N se confondent.

 

« Géant de l’histoire » tel que le salue le président Macon, prix Nobel de la Paix ou personnage aux zones d’ombres décrié par d’autres, surnommé encore « Docteur Folamour », « Metternich de Nixon », « Cyclone du Proche-Orient », Henry Kissinger utilisa des techniques de négociation toujours d’actualité.

 

Une préparation méticuleuse

 

Avant toute négociation, Kissinger se préparait de manière exhaustive. Il étudiait non seulement le sujet de la négociation, mais aussi la culture, la politique et l'histoire du pays avec lequel il allait négocier.

Point d’histoire : avant de négocier avec la Chine en 1971, il consacre de nombreux mois à étudier la culture et l'histoire de l’Empire du Milieu. Cela a grandement contribué au succès de la diplomatie américaine en Chine et a ouvert des relations officielles entre les deux pays.

 

La stratégie de la navette

 

Avant de réunir toutes les parties autour d’une table de négociation, le secrétaire d’État américain rencontrait au préalable chaque camps séparément pour entendre ses points de vue et proposer des solutions. C’est la mise en application de la « shuttle diplomacy » ou « diplomatie de la navette ».

Point d’histoire : la « shuttle diplomacy » a été utilisée avec succès lors du conflit du Yom Kippour en 1973. Kissinger a voyagé entre Israël, l'Égypte et la Syrie pour négocier un cessez-le-feu, évitant ainsi une confrontation directe entre les parties qui aurait pu encore envenimer les relations.

 

Réalisme politique plutôt qu’idéologie

 

Henry Kissinger fut un ardent défenseur du réalisme politique insistant sur une approche pragmatique de la politique étrangère et en mettant l'accent sur les intérêts nationaux plutôt que sur les idéaux.

Point d’histoire : dans les négociations visant à mettre un terme à la guerre du Vietnam, il utilisa une approche réaliste en reconnaissant que le retrait total des troupes américaines n'était pas une option viable. Il négociera un accord de cessez-le-feu permettant aux États-Unis de se retirer progressivement.

 

La communication indirecte

 

Afin d’endiguer l'escalade des tensions, le diplomate favorisait la communication indirecte en utilisant des intermédiaires,

Point d’histoire : Lors des négociations SALT (Strategic Arms Limitation Talks) avec l'Union Soviétique, des canaux de communication indirects ont facilité les pourparlers et assoupli les postures.

 

Outre ces pages d’histoire qu’Henry Kissinger a largement contribué à écrire, ce célèbre diplomate écouté par les grands de ce monde jusqu’à ses derniers jours, nous laisse également de nombreux ouvrages qui font aujourd’hui référence.

 

Ainsi, « Diplomacy » est-il à notre sens le plus passionnant et instructif. L’auteur y explore l'art et la pratique de la diplomatie à travers l'histoire, mettant en lumière les interactions entre nations et soulignant toute l’importance de l’équilibre des pouvoirs et le rôle de la négociation pour maintenir la stabilité mondiale. Les stratégies des grands dirigeants, comme Richelieu et Metternich, y sont également disséquées et les défis diplomatiques contemporains analysés.

 

Louis XI, Catherine de Médicis, Mazarin, Talleyrand… ont forgé la légende des grands négociateurs. Henry Kissinger frappe désormais à sa porte.

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