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F-35 américain vs Rafale français : l’Europe a-t-elle vraiment choisi ou s’est-elle laissée enfermer ?

Alexis Debril
SW250410 La France À L'honneur
© Pexels

Fin avril, l’Inde signe un nouveau contrat pour 26 Rafale destinés à sa marine. Une victoire pour Dassault Aviation ? Assurément. Mais une victoire hors d’Europe, encore une fois. Car sur le continent, c’est toujours le F-35 américain qui rafle la mise. Pourquoi ? Parce que ce n’est plus une affaire d’avion — c’est une affaire de stratégie, de dépendance et… de négociation.

Ce que l’Europe achète avec le F-35, ce n’est pas un avion. C’est un alignement.

Polyvalent, robuste, dissuasif : le Rafale coche toutes les cases techniques. Mais le F-35 vend autre chose. Il vend une place dans le club. Il offre l’assurance d’une compatibilité intégrale avec l’OTAN, et surtout, il envoie un message politique limpide : « Nous restons sous parapluie américain. »

Le F-35, c’est la diplomatie par l’armement. Il scelle des alliances, verrouille des marchés, aligne des doctrines. Et dans ce jeu-là, l’Europe ne négocie plus. Elle consent.

Le Rafale cartonne... mais ailleurs

Sept pays non européens l’ont choisi depuis 2015 : Égypte, Inde, Qatar, Grèce, Émirats arabes unis, Croatie, Indonésie. En Europe de l’Ouest ? Silence radio. Seules la Grèce et la Croatie ont osé. Et encore, sur de l’occasion. Pendant ce temps, le F-35 s’impose comme norme opérationnelle.

Trump a imposé, l’Europe a obéi

L’administration Trump a malmené l’Europe : taxes, provocations, ruptures stratégiques. Mais loin de susciter un sursaut, ces attaques ont renforcé la dépendance. Parce que dans l’esprit de trop de capitales européennes, mieux vaut un protecteur imprévisible qu’une autonomie risquée.

Mais cette logique vacille. Le programme SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) en est un symptôme. Il ne suffira pas de construire un avion. Il faudra imposer une nouvelle vision.

Négocier, ce n’est pas mendier — c’est poser de nouvelles règles

Le jeu est biaisé ? Alors changeons les règles. La France ne peut plus vendre seule le Rafale. Elle doit le transformer en projet européen. La vente d’un avion doit inclure :

- Partenariats industriels locaux

- Transferts de technologie

- Production en territoire client

Ce n’est pas un avion qu’il faut vendre. C’est une souveraineté partagée.

Et il faut oser poser les vraies questions à nos partenaires :

- Peut-on prétendre à l’autonomie stratégique en achetant massivement américain ?

- Peut-on construire une défense européenne si chaque contrat renforce l’industrie de Washington ?

Le marché est verrouillé. Mais il y a toujours des clés.

Ce n’est pas en jouant sur le terrain de l’adversaire qu’on gagne. C’est en redéfinissant la partie.

Nul n’est prophète sur son continent ? Il est temps de contredire cet adage et que la défense européenne prenne ses ailes !

Chiffres clés à retenir :

- 27 milliards € : exportations françaises d’armes en 2022 (+47% en 2023)

- 16 milliards € : valeur du contrat Rafale aux Émirats arabes unis (80 avions)

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