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Les non-dits : ce qu’ils nous disent !

Xavier Debril
SW250608 Non Dits
© Pexels

Dans un monde saturé de discours, de notifications et de bavardages incessants, le silence retrouve peu à peu ses lettres de noblesse. Loin d’être un vide, il devient un véritable outil de communication — à condition de savoir l’écouter, à commencer par les non-dits !

Ces silences qui en disent long

 « Les espaces entre les mots comptent plus que les mots eux-mêmes » : cet aphorisme attribué à un moine zen prend aujourd’hui tout son sens dans le monde de la négociation, du management ou même de la vente. Ce que l’on ne dit pas — ou pas tout de suite — est souvent plus stratégique que ce que l’on exprime.

Selon une étude publiée dans Harvard Business Review (2019), le silence volontaire après une proposition ou un argument augmente la perception d’autorité et renforce l’impact du message. L’interlocuteur, laissé dans l’attente, est plus attentif, plus sensible, parfois même déséquilibré. Un effet psychologique que les grands orateurs maîtrisent à la perfection.

Décrypter l’invisible : l’art de lire entre les lignes.

Hésitations, regards fuyants, gestes nerveux, bras croisés, silences prolongés… Tous ces signes, souvent inconscients, constituent le « langage silencieux » décrit par Edward T. Hall, anthropologue et fondateur de la proxémie. Ce sont les non-dits, et ils parlent fort — à qui sait écouter.

Dans une négociation, ces signaux sont des indicateurs-clés : ils peuvent trahir une réserve, une tension, une volonté de ne pas tout dire. Ignorer ces signaux, c’est rater une part essentielle de l’échange. Les meilleurs communicants ne se contentent pas d’entendre ; ils lisent.

Non-dits stratégiques : mode d'emploi

- Créer l’impact : Une pause bien placée après une annonce importante attire l’attention et donne du poids à vos mots.

- Générer l’attente : Dans la vente, un silence avant l’annonce d’un avantage ou d’un rabais accentue l’effet perçu. Cela crée une forme de suspense, comme l’ont démontré les travaux de Daniel Kahneman sur la psychologie cognitive.

- Gérer les situations délicates : Face à une question piège, ne réagissez pas dans la précipitation. Reformulez, demandez des précisions, reprenez la main. Le silence, ici, vous protège du réflexe de la riposte émotionnelle.

Le non-dit : allié ou ennemi ?

Mal interprété, le non-dit peut devenir source de confusion, voire de conflit. Autour d’une table de négociation, il est souvent à l’origine de malentendus. Comme l’indique un rapport de l’Observatoire de la Qualité de Vie au Travail (2023) : 47 % des tensions en entreprise trouvent leur origine dans une communication floue ou implicite.

D’où l’importance de clarifier après avoir laissé planer le doute, d’expliquer les zones d’ombre, et surtout de ne pas faire du non-dit une arme opaque. Le silence peut être un levier, mais jamais un écran de fumée.

Puisque l’on vous le dit !

Le silence n’est jamais neutre. Il est émotion, stratégie, langage.

Maitriser les non-dits, c’est apprendre à communiquer autrement : plus finement, plus efficacement, et surtout, plus humainement. Faites de vos silences des temps forts. Et souvenez-vous : tout ce qui ne se dit pas se ressent. Et tout ce qui se ressent... se communique.

 

 

Xavier Debril
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