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De l’art de négocier… une œuvre d’art !

Alexis Debril
Praewthida K
© Praewthida K

Dans quelques semaines, Noël.  Pourquoi ne pas offrir la petite estampe, le dessin ou la toile qui (vous) feront plaisir ou redonneront de la couleur à vos murs. Même si l’art n’a pas de prix, il se négocie, c’est même une pratique courante dans les galeries. 

 

Déjà un constat : comme la plupart des commerces, les galeries d’art sont impactées par la morosité du contexte économique. Voire peut-être même plus, tant ce type de dépense peut sembler non « essentiel », même futile. Et pourtant comme l’affirme Éric-Emmanuel Schmitt, « l’art aide à vivre ». Alors dans ces temps particulièrement anxiogènes, ne nous en privons pas mais pas à n’importe quelles conditions, encore moins en cédant à un achat compulsif et aux prix affichés.

 

En entrant dans une galerie, nous pouvons ressentir une certaine forme de timidité. Ce n’est en effet pas un commerce comme les autres. Nous entrons dans un univers différent, à l’écart du monde, de nos repères habituels. Il impose une certaine retenue, cela sous les yeux d’un galeriste attentif à vos moindres signaux d’intérêt. Et là soudain, vous flashez pour une œuvre… Vous en demandez le prix. Arghhhh ! Ce n’est pas dans vos prix, mais en aviez-vous un en tête ? Tant cette dépense ne vous n’est pas familière. Et pourtant, il vous plait bien ce petit tableau. Premier conseil si vous souhaitez le négocier, ne montrez rien de votre étonnement, ni de votre ravissement. Restez lisse, juste sympathique.

 

Partant du principe que même si elles n’en ont pas nécessairement les mêmes codes, les galeries d'art fonctionnent comme des commerces et que ce qui est réellement affiché ce sont les œuvres, un peu moins les prix restant plus négociables que partout ailleurs. Deuxième conseil, ce n’est pas parce que c’est de l’art, qu’il ne faut pas le négocier ! Les marchands sont en effet rompus à l’exercice de la négociation. À commencer par celles les engageant auprès des artistes qu’ils défendent, ensuite avec les collectionneurs et clients dont ils étoffent les fichiers au fil des vernissages et des ventes.

 

Troisième conseil : ne pas être complexé par son budget. Le fait de paraître moins fortuné que d’autres ne doit pas être un handicap surtout face à la potentialité d’un achat « raisonnable ». Les clients avertis et à fort pouvoir d’achat sont d’habiles et redoutables négociateurs. Sans ça, ils n’en seraient pas là ! Et les galeristes le savent bien. Et puis, un premier achat pouvant en cacher un autre, autant vous fidéliser en commençant par une remise.

 

Quatrième conseil : le respect et la courtoisie. Il faut savoir établir un lien, nouer le dialogue, faire preuve de psychologie. Si vous êtes un client régulier, le galeriste sera plus enclin à vous faire un rabais, s’il ne vous connait pas, il faudra jouer de votre capital sympathie et vous pourrez obtenir de 10 à 15% de réduction ainsi qu’un étalement sans frais du règlement. De manière plus pragmatique, il est important de se renseigner sur l’établissement comme sur le marché de l’art, sur le fait que l’œuvre est en stock depuis longtemps (comme pour un appartement !).

 

En revanche à proscrire (pour votre bien-être !) : le fait d’entrer en négociation juste pour le fun et sans intention réelle d’acheter, de jouer à l’expert alors que l’on est juste amateur, ce qui n’a rien de négatif. Au contraire, cela veut dire que vous appréciez les belles choses. « Dans amateur, il y a aimer », nous dit Isabelle Huppert.

 

Donc être amateur d’art, c’est aussi aimer négocier… dans les règles de l’art !

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